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Pourquoi choisir une PKI européenne est un acte stratégique

La PKI européenne : pilier de la souveraineté numérique et de la résilience opérationnelle pour la défense

La souveraineté numérique s’impose aujourd’hui comme un impératif stratégique pour les acteurs de la défense. L’exposition croissante aux technologies extra-européennes, combinée à l’évolution du paysage réglementaire et à la sophistication des menaces, place la maîtrise des infrastructures de confiance — en particulier la PKI — au cœur de la résilience opérationnelle.

Souveraineté numérique et défense, une équation à variables critiques

L’Europe de la défense évolue dans un environnement où 80% des organisations publiques utilisent au moins une brique critique d’origine extra-européenne (ENISA, 2023). Cette dépendance technologique expose les chaînes de commandement à des risques juridiques (Cloud Act, Patriot Act), à des ruptures potentielles de service et à des vulnérabilités systémiques. Les incidents de compromission de PKI ont progressé de 17% en Europe entre 2021 et 2023, et 52% des organisations interrogées par le Ponemon Institute classent la gestion des clés comme un risque critique.

Pourquoi la PKI est un levier de souveraineté

1) Conformité réglementaire et anticipation

eIDAS, RGS, ANSSI...

Les PKI européennes sont spécifiquement conçues pour répondre aux exigences des principaux référentiels et cadres réglementaires européens et nationaux, tels que le règlement eIDAS, le Référentiel Général de Sécurité (RGS) et les normes définies par l’ANSSI. Ces référentiels imposent des critères stricts en matière de sécurité, de gestion du cycle de vie des certificats et de traçabilité, garantissant ainsi un niveau de confiance élevé pour les systèmes critiques.

Par exemple, le règlement eIDAS, appliqué de manière uniforme dans toute l’Union européenne, définit les exigences relatives à l’identification électronique et aux services de confiance, dont les PKI sont un pilier.

Les prestataires qualifiés doivent démontrer leur conformité à des normes techniques telles que ETSI EN 319 411-1 et EN 319 411-2, et être référencés sur la trusted list européenne et nationale.

L’ANSSI, en tant qu’autorité nationale, contrôle et certifie les prestataires de confiance opérant en France, ce qui renforce la sécurité et la conformité de l’écosystème.

Un indicateur clé : en 2024, 100% des incidents de non-conformité RGPD relevés dans les systèmes d’information de défense français concernaient des prestataires non-européens, soulignant l’importance de privilégier des solutions européennes pour garantir la conformité et anticiper les évolutions réglementaires

Juridiction

L’hébergement des clés cryptographiques et la gestion des certificats sur le territoire européen éliminent le risque d’accès non autorisé par le biais de législations extraterritoriales telles que le Cloud Act américain.

En privilégiant des PKI opérées et certifiées en Europe, les organisations bénéficient d’une maîtrise totale sur la localisation, la gestion et la protection de leurs actifs numériques sensibles, tout en restant sous juridiction européenne.

Ce choix réduit significativement les risques juridiques et opérationnels liés à la souveraineté des données et à la confidentialité des communications, particulièrement critiques dans les secteurs sensibles comme la défense et les infrastructures critiques

2) Transparence, auditabilité et innovation

Auditabilité

Les PKI européennes intègrent des mécanismes d’audit avancés, conformes aux standards internationaux tels que l’ETSI et l’ISO 27001. Cela se traduit par une capacité à générer et à conserver des logs détaillés, accessibles aux équipes internes pour des contrôles réguliers, des analyses forensiques ou des audits de conformité.

La traçabilité fine de chaque opération (émission, révocation, renouvellement de certificats, gestion des accès) permet d’identifier rapidement toute anomalie ou tentative d’intrusion, renforçant ainsi la posture de sécurité globale.

Interopérabilité

L’innovation dans le secteur européen se manifeste également par la capacité à intégrer les solutions PKI au sein d’écosystèmes complexes et hétérogènes. Les consortiums issus des programmes européens SAFE (European Defence Fund) et EDIC (European Defence Industrial and Technological Base) favorisent la mutualisation des ressources et l’interopérabilité des solutions PKI entre États membres.

Cette approche facilite la collaboration interarmées, la portabilité des identités numériques et la gestion centralisée des chaînes de confiance, tout en maintenant un haut niveau d’exigence en matière de sécurité et de conformité.

Cas d’usage : modernisation des infrastructures PKI dans la défense

Plusieurs forces armées européennes sont engagées dans une modernisation accélérée de leurs infrastructures numériques, soutenue par des programmes tels que "ReArm Europe" et des investissements sans précédent (à hauteur de 800 milliards d'euros) dans la souveraineté technologique et la sécurisation des systèmes critiques.

Cette dynamique se traduit notamment par l’adoption progressive de solutions souveraines, incluant des PKI opérées et certifiées en Europe, afin de renforcer la sécurité des réseaux tactiques, des communications interarmées et des systèmes d’armes connectés.

Si les détails opérationnels et les noms des forces armées concernées ne sont pas publiquement divulgués pour des raisons de sécurité, l’ensemble des rapports sectoriels et des communications institutionnelles (Commission européenne, ministère des Armées, industriels comme Thales, Leonardo, Rheinmetall) confirment que la migration vers des infrastructures de confiance européennes est désormais une priorité stratégique.

Cette tendance vise à répondre à la fois aux exigences réglementaires (RGPD, souveraineté des données), à l’anticipation des évolutions normatives, et à la nécessité de réduire la dépendance aux solutions non-européennes, souvent associée à des incidents de conformité et à des risques d’accès extraterritoriaux

Recommandations opérationnelles

  • Prioriser les solutions PKI certifiées et opérées en Europe pour garantir la conformité et la maîtrise des chaînes de confiance.

  • Intégrer la souveraineté comme critère d’architecture dans les cahiers des charges et les roadmaps de modernisation.

  • Exploiter les mécanismes d’audit avancés pour renforcer la supervision et la traçabilité, en particulier sur les segments critiques (authentification, signature, chiffrement).

  • Favoriser l’interopérabilité via des standards ouverts et la participation aux consortiums européens.

Conclusion

Pour les décideurs techniques du secteur défense, la souveraineté numérique n’est plus une option, mais une exigence opérationnelle. Les données sont sans appel : la dépendance aux solutions non-européennes accroît les risques techniques, juridiques et stratégiques. À l’inverse, une PKI européenne, certifiée et opérée localement, offre des garanties mesurables de sécurité, de conformité et de résilience. Intégrer la souveraineté numérique au cœur de la stratégie PKI, c’est investir dans la robustesse, la pérennité et l’agilité des infrastructures de défense.